Destin Sacrifié, et si on m’avait laissé le choix ?  Chapitre I : La fameuse nouvelle

17 janvier 2019

Destin Sacrifié, et si on m’avait laissé le choix ?  Chapitre I : La fameuse nouvelle

Ce soir-là du 15 février 2008, couchée sur le dos, Khadija, voguait sur un petit nuage enivrée par un torrent de bonheur. Après l’obtention de son diplôme en Economie Finance, la jeune fille avait trimé pendant des mois à la recherche de son 1er stage. Et elle avait fini par décrocher le précieux sésame ; C’était la veille. Ce qui expliquait sa joie. Elle voulait prolonger un peu sa sieste, mais elle savait que cela risquait de lui coûter cher. Elle avait remarqué que sa mère était à cran ces derniers jours et ne voulait surtout pas subir de nouveau les remontrances de cette dernière. Elle sortit nonchalamment du lit et décida de ranger le désordre qui s’y trouvait.

Dehors, le soleil achevait sa course, mais une chaleur suffocante demeurait encore. Khadija guettait le moment propice pour annoncer la bonne nouvelle à ses parents. Son papa serait encore plus fier d’elle, se disait-elle !

****

Khadija, était très proche de ses parents, surtout de son père. Ce qui lui valait la jalousie de ses frères. Elle était la préférée de papa. Ils étaient complices et confidents. Elle n’avait aucune gêne à lui parler de ses problèmes, à discuter avec lui de politique, à lire ensemble des livres. Son père était un cadre dans un ministère de la place. Malgré ses nombreuses missions liées à sa fonction, il a consacré toute son énergie et son temps à l’éducation de sa fille : la prunelle de ses yeux. Il lui avait donné une éducation masculine sans pour autant lui ôter sa féminité. Elle avait le droit de s’exprimer haut et fort, ses opinions, bien que souvent divergentes de celles de ses parents ; avaient toujours compté aux yeux de son daron.

Sa mère quant à elle, était une pure autodidacte, femme au foyer. Elle, non plus, n’avait ménagé aucun effort pour l’éducation de Khadija. Contrairement à sa relation avec son père, Khadija n’était pas aussi proche de sa mère, elle trouvait cette dernière plus autoritaire que son père.

Le brusque changement d’attitude de ses parents commençait sérieusement à l’inquiéter. « Mes frères ont-ils des problèmes à l’extérieur ? Mais si c’était le cas, papa m’aurait mis dans la confidence. Diantre, qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Que me cache-t-on ? » Elle était encore perdue dans ses questionnements lorsqu’elle entendit le bruit des klaxons du véhicule de son papa. Elle accourut prendre son sac ; ce qui n’était d’ailleurs pas dans ses habitudes. Elle voulait jauger son père pour pouvoir engager la conversation. Mais ce dernier n’était pas disposé à l’écouter, du moins pas avant de s’être débarbouillé.

  • Papa, je veux te parler. J’ai une bonne nouvelle et je suis sûre qu’elle te rendra fier de moi, essaya-t-elle.

  • Pas maintenant Dija, on aura une discussion sérieuse avec ta mère après le dîner, lui répondit sèchement son père.

Khadija se ravisa et décida de prendre son mal en patience.

Ils étaient maintenant tous assis au salon. Un silence assourdissant régnait dans la pièce. Silence que le père de Khadija décida de briser.

  • Dija, tu sais que j’ai toujours fait passer ton bonheur avant celui de tes frères et que je suis prêt à tout pour te voir heureuse…

  • J’en suis consciente père, mais pourquoi tu me dis tout ça et surtout aujourd’hui ? T’es malade ou tu as des problèmes au boulot ?

  • Rien de tout cela ma fille…mais j’ai fait une promesse à ta tante Ramatoulaye, bien avant ta naissance et que je compte bien la tenir. Ma fille, ma parole est précieuse et la préservation des liens familiaux est plus importante que n’importe quoi au monde.

La seule évocation de ce nom fit tressaillir Khadija, mais elle ne laissa pas apparaître son trouble. En effet, sa tante avait une grande emprise sur son père et ce dernier avait un respect religieux pour elle. Sa tante était responsable de son excision à 6 ans et cela, elle n’était pas prête à l’oublier. Khadija, savait d’ores et déjà que la suite de la conversation n’allait pas lui plaire, mais elle n’avait pas d’autre choix que d’écouter la suite.

  • Quelle est cette promesse papa ?

  • Ta maman était encore enceinte de toi quand j’ai promis à ma sœur que si t’étais une fille, tu serais l’épouse de son fils Chérif. Et aujourd’hui que t’as 24 ans et que t’as désormais ton diplôme, Chérif étant de retour, nous avons décidé de sceller votre union dans quelques mois.

  • ………….

Il lui a fallu de longues minutes pour assimiler la nouvelle et réaliser ce dont il s’agissait. Khadija avait les mains moites, elle était abasourdie, pouvant à peine articuler…Non, son père ne lui avait pas fait ça, il tenait trop à elle pour sacrifier son destin.

  • Euh…Papa, c’est insensé tout ça. Tu sais bien que je considère Chérif comme un frère, je ne peux pas me marier avec lui.

  • Je vois que je t’ai trop gâtée pour que tu te permettes de discuter mes ordres ou me dire ce qui est sensé et ce qui ne l’est pas. Tu vas épouser Chérif et c’est tout ! Je ne reviendrai pas sur ma parole et perdre ma face.

  • Papa s’il te plaît, ne me fais pas ça, je ne l’aime pas

  • Khadija, à ton âge qu’est-ce que tu sais de l’amour ? Cette discussion est terminée, jeune fille !

S’adressant à sa femme, le papa de Khadija décrète ensuite :

  • Tu as intérêt à faire accepter cette proposition à ta fille…sinon, tu sais ce qui se passera.

La mère de Khadija était prise entre deux feux : d’un côté, sa fille qui ne voulait pas entendre parler de ce mariage et de l’autre, un époux qui ne lui laissait vraiment pas le choix. Elle appréhendait ce jour et avait usé de tous les moyens pour amadouer son époux, mais elle savait aussi à quel point ce dernier tenait à sa sœur et à sa parole. Il ne lui restait plus qu’une chose, convaincre sa fille d’accepter.

Pour la petite histoire, Tante Ramatoulaye est la sœur aînée de 7 ans du père de Khadija. Ils sont les deux enfants que leur mère avait mis au monde. Et puisque la mère était tout le temps souffrante, tante Ramatoulaye a été contrainte de grandir avant l’âge en apprenant à faire le ménage, les travaux champêtres et à s’occuper de son frère qui était encore fragile. Quelques années plu-tard, sur son lit de mort, la grand-mère de Khadija avait enjoint au père de cette dernière de toujours prendre soin de sa sœur Ramatoulaye et de ne jamais la désobéir.

Il faut dire que jusque-là, le père de Khadija avait su tenir la promesse faite à sa mère. Il a toujours fait passer les intérêts de sa sœur avant ceux des autres membres de sa famille. Et il n’entendait déroger à la règle. Y compris vis-à-vis de sa fille.

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Commentaires

Diack
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Quelle histoire pleinement inspirée à l’africaine.
Hâte de lire la suite, Dija sera-t-elle aussi forte à tenir tête ou
But looking forward

Balde
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So far so good you have your own personal style of writing I like it

Ibrahima kaba
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Je palpe une culture littéraire dans cette histoire. Le ton, la construction des phrases, la précision, la clarté... Tout y est à mon sens.
Ce texte, il me faut le lire encore, une fois la tête reposée