Mutilations génitales féminines, au-delà de l’horreur…
Les mutilations génitales féminines (MGF) consistent à lacérer les organes sexuels d’une femme ou à procéder à leur ablation. Cette pratique existe depuis des lustres et est considérée comme un rituel qui vise à préparer la fille à une vie de femme.
Elle est pratiquée dans de nombreux pays au monde. En Guinée, les MGF sont pratiquées par toutes les communautés. Selon une classification de l’OMS, on distingue quatre types de mutilations génitales féminines :
- la clitoridectomie : ablation partielle ou totale du clitoris (petite partie sensible et érectile des organes génitaux féminins) ;
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l’excision : ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres (replis internes de la vulve) ;
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l’infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal par recouvrement, réalisé en sectionnant et en repositionnant les petites lèvres parfois par suture ;
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les formes inclassables : toutes les autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médicales.
Il y en a toutefois une forme que j’ai découverte récemment qui, peut-être, est de cette dernière catégorie. En tout cas, elle est particulièrement abjecte à mes yeux.
Le « notougol » (c’est le terme utilisé en pular pour la désigner) consiste, après l’excision, à laisser la plaie se cicatriser sans la nettoyer afin de permettre une coagulation du sang ou alors à utiliser des substances ou des herbes corrosives pour boucher l’entrée, en ne laissant qu’un petit orifice pour les urines et les menstrues. Ces deux pratiques sont censées empêcher la fille de perdre sa virginité et tempérer ses pulsions sexuelles jusqu’au mariage.
Personnellement, j’avoue que jusqu’au moment où j’ai discuté avec une amie l’ayant subie, j’ignorais de quoi il s’agissait.
Mon amie a subi cette avanie à l’enfance et cela a failli lui coûter la vie. Du fait de cette pratique, elle s’était trouvée dans une situation où pour avoir des relations sexuelles avec son époux, elle avait le choix entre subir une intervention chirurgicale ou se faire inciser par une exciseuse. Entre deux maux, elle a vite fait le choix du premier, car vivant encore avec le traumatisme du « notougol ». C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée au bloc le jour de sa nuit de noces. Autre conséquence liée à cette pratique d’un autre âge, elle vit désormais avec l’appréhension chevillée au corps. Parce que le diagnostic de son gynécologue est sans appel : elle ne pourra « peut-être » jamais accoucher par voie basse. Et dire que c’est là un moindre mal ! En effet, avec l’incision, l’autre choix qui était à sa disposition, elle courait le risque d’y laisser la vie ou tout au moins de s’en tirer avec des effets irréversibles sur sa santé sexuelle ou psychique.
Je suis encore choquée et horripilée, même si je crois que ces mots sont faibles pour décrire l’état dans lequel je me trouve. Comme si la douleur qu’inflige l’excision à elle seule ne suffisait pas, pourquoi faut-il en rajouter ? Comment peut-on être aussi cruel et insensible ?
Malheureusement comme l’a dit mon amie, cette flétrissure ne pourra jamais s’effacer. Le mal est tellement profond qu’il faut que chacun agisse de son côté pour emmener les parents à comprendre le caractère nuisible et avilissant des MGF.
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