Dilemme !

Article : Dilemme !
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1 décembre 2019

Dilemme !

J’ai dû quitter très tôt le boulot pour éviter les embouteillages afin de rentrer changer ma tenue et être prête à temps pour mon rendez-vous. Je suis arrivée 30 mn avant l’heure convenue avec mon ami. Assise dans la voiture ; je soupèse le pour et le contre de ma décision. Je regarde une nouvelle fois ma montre ; il est 20 h 15 et je fixe la porte d’entrée du restaurant à travers les vitres teintées de ma voiture. De loin, je l’aperçois qui avance vers la rentrée du restaurant. Avec son sourire charmeur qui laisse apparaître sa belle dentition et sa belle chemise « leppi », il se fait accompagner par un serveur jusqu’à une table à l’écart. Il se tortille les doigts et a soudain l’air agacé ; est-ce par ce qu’il a un problème ? Ou croit-il que je suis à retard ? Pourtant il sait que la ponctualité est mon second nom.

Cela fait six mois que lui et moi nous ne sommes pas vus. Il est en mission et à souhaiter dîner avec moi pour me parler d’un sujet important.

Je suis arrivée au lieu de rendez-vous avant lui, mais je me débattais avec mes doutes, mes questionnements. Est-ce une bonne idée ? De quoi veut-il me parler encore ? Doute-t-il de mes sentiments pour lui ? Dois-je lui avouer la vérité ? Non, sous nos cieux, au risque de paraître impudique, une femme ne doit pas avouer ses sentiments. Sommes nous pas des humains ? Tu n’auras pas de réponses en restant dans la voiture, me susurre une voix !
Je me donne une contenance avant de me décider à descendre du véhicule et à le rejoindre. Je rentre dans le resto et marche nonchalamment en direction de sa table ; plus j’approche, plus mon angoisse augmente. Il est de dos et visiblement occupé au téléphone au point qu’il n’a pas remarqué mon arrivée.

J’inspire profondément une énième fois avant de tirer une chaise sur laquelle je m’installe. De ma place, je vois la porte d’entrée ainsi que la cuisine. En attendant qu’il finisse sa conversation téléphonique, je fais signe qu’on m’apporte le menu. Une serveuse approche avec un sourire en se dandinant les fesses, elle me tend le menu et lance un coup d’œil à mon ami ; je la foudroie du regard avant de me concentrer sur le menu. Ce petit numéro de la serveuse m’agace. Une émotion amère me serre la gorge : est-ce de la jalousie, la colère ? Je ne parviens pas à y mettre un nom. Je ne devais pourtant pas ressentir cela, alors là pas du tout ! Mais la réalité crève les yeux ; je suis amoureuse de lui. Il faut que tu te ressaisisse jeune fille ; me dicte ma conscience !

-Heyo, ici la terre ; merci de me faire l’honneur de ta présence. 
J’ai sursauté en faisant tomber le menu. J’étais tellement plongée dans mes pensées que je ne m’étais pas rendue compte qu’il avait fini sa conversation.
-Tu pensais à quoi ?
-Bonjour, je vais bien et je suis ravie de te revoir.
-Ne te défile pas ; réponds moi.
-Si on passait nos commandes. Une manière d’esquiver sa question.
Tête baissée, je piochais dans mon assiette et lui observais à la dérobée. Je me fais peut-être des idées, mais il m’a l’air contrarié. Avec les yeux cernés, on sent qu’il a fait des lustres sans sommeil. Ce soir là, mon ami qui, d’habitude est bavard comme une « pie », est beaucoup trop silencieux comme une caverne de brousse. 
Son silence devenait trop pesant pour moi, il me faut trouver un moyen de le briser sans le brusquer.
– Alors, dis elle a été ta journée ?
Il me répond sèchement ; ce qui n’est pas dans ses habitudes et confirme mes doutes.
– T’as pas touché à ton repas, qu’est-ce qui se passe ?
– Rien !
– Si t’as un problème, tu peux m’en parler tu sais
– Oui, je sais pas besoin de me le rappeler.
– Pas besoin d’être désagréable avec moi. J’essayais juste de savoir ce qui ne va pas. D’ailleurs, pourquoi m’avoir invitée à dîner si c’est pour passer la soirée à être grincheux ? Je ne lui laisse pas le temps de répondre que j’enchaîne avec mes questions.
– T’as un problème au boulot? T’as encore pris une décision foireuse avec ta meuf ?
– Rien de tout ça.
– Je te connais trop bien pour savoir que quelques choses ne va pas et que tu m’as pas fait venir juste pour dîner.
– C’est une longue histoire !
– fais moi le résumé !
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Nous nous connaissons depuis plus de cinq ans. De fil en aiguille, notre relation s’est raffermit, une sorte de complicité s’est installée entre nous. Nous apprîmes à nous apprécier et à nous respecter mutuellement ; j’étais devenue sa confidente…J’ai toujours apprécié son côté fougueux, son altruisme, sa passion débordante, son ouverture d’esprit, son niveau de maturité et de culture… Alors comprenez mon insistance.
Spontanément je lui prends les mains pour lui insuffler de la confiance ; il lève ses yeux vers moi. Dans son regard, j’y décèle de la tristesse, ses beaux yeux ont perdu de leur éclat. Il marmonne des choses à peine audibles. 
– Je veux bien t’apporter mon aide, mais je n’ai pas de super pouvoir pour deviner ce qui ne va pas alors parles, stp.
Il ne me reste plus qu’à le secouer pour espérer qu’il parle et pour cela, il me faut un stratagème. 
– L’addition s’il vous plaît
– Qu’est-ce que tu fais ?
– C’est pourtant clair non, je paie ma commande et puis je me barre d’ici.
– Non, reste je vais essayer de t’expliquer ce qui me tracasse.
– Je ne demandais que ça depuis, là, je suis toute ouïe !
Il sourit avant de se lancer dans une longue diatribe :
-Tu sais que ma famille est foncièrement ancrée tradition et l’endogamie occupe une place prépondérante. Et voilà qu’à cause de cette fichue tradition, je me retrouve entre deux feux : d’un côté la fille dont je suis éperdument amoureux et de l’autre la femme qui m’a mise au monde. Je veux épouser la 1ère mais ma mère s’y oppose avec le soutien de tous les autres membres de ma famille. Ils ont déjà fait un choix pour moi ; ma cousine. Le fait est que je ne supporte plus toute cette pression et les menaces de part et d’autres. Et je ne sais plus à quel saint me vouer. J’ai besoin de tes conseils toujours avisés. 
Plus il parle, plus ça me fend le cœur…je suis presque au bord de l’infarctus, mais je dois me ressaisir et à contrecœur venir en aide à mon ami.
– Heyo tu m’écoutes ?
– Oui, désolée j’étais entrain de réfléchir à une solution pour toi – je sais que je me mens, mais je ne me vois plus lui avouer la vérité – pour le moment, je te conseillerai de te battre pour ton amour. Tu seras celui qui se réveillera à ses côtés chaque matin et non les membres de ta famille. Mais en le faisant, fais le avec tact et surtout ne vexe pas la maman. N’oublie pas, elle restera toujours celle qui te soutiendra, te bénira et ce peu importe les difficultés.

L’entendre dire qu’il est amoureux d’une autre, alors que de mon côté je me bats contre mes sentiments pour lui est tout simplement frustrant. Mais je vais devoir les faire taire quitte à en souffrir. Il est pourtant indéniable qu’il est difficile de faire taire ses sentiments surtout lorsqu’ils sont profonds et sincères. Quoi tu abandonnes si facilement me demande cette voix intérieure ?

On s’est quittés lui plus souriant qu’à son arrivée et moi complètement dépitée.

P.S : Cette histoire est le fruit de mon imagination; toute ressemblance avec des faits existants n’est que pure coïncidence.

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