Destin Sacrifié, et si on m’avait laissé le choix ? Chapitre VII : la maladie

Article : Destin Sacrifié, et si on m’avait laissé le choix ? Chapitre VII : la maladie
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28 mars 2019

Destin Sacrifié, et si on m’avait laissé le choix ? Chapitre VII : la maladie

Plus la date du mariage approchait, plus cela rendait Dija nerveuse et stressée. Pourtant, elle réussissait bien à le dissimuler en feignant d’être enthousiaste à l’idée d’être unie à son cousin.

Au stage, Khadija était très studieuse et s’appliquait toujours avec dextérité pour rendre un travail de qualité. C’est d’ailleurs grâce à sa constance et à son acharnement au travail qu’elle réussit à changer de service. Ce qui lui permit de sortir des griffes de son harceleur de supérieur.

La vie suivait son cours normal au sein des deux familles. Khadija passait de beaux moments dans son nouveau service. Son nouveau chef était très respectueux, strict et exigeant. Ce qui ne déplut pas à Dija. Au contraire, ça l’a poussait à être deux fois meilleure.

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Un peu plutôt dans la matinée, son père avait piqué une crise suite à une conversation téléphonique qu’il avait eue avec un de ses amis qui lui expliquait comment père Dija s’est fait escroquer par son associé dans un projet de construction d’une ferme avicole. L’associé de père Dija avait tout bonnement disparu avec tout l’argent investi par père Dija. Il a été conduit illico dare-dare à la clinique où toute la famille s’est transportée pour être à son chevet.

Après une éreintante journée de travail, d’embouteillages et d’affliction, Khadija rentrait complètement exténuée. Grande fut sa surprise de trouver la maison fermée, elle sortit son téléphone pour appeler sa mère qui n’avait pas jugé nécessaire de la prévenir et cela vexa Dija. Il est bien vrai qu’elle était en froid avec son père depuis l’annonce de la décision de ce dernier. Mais elle ne pouvait concevoir l’attitude de sa mère et elle allait lui en toucher un mot.

Mais pour l’heure, il faut qu’elle se rende à la clinique. Ce n’était pas le moment des reproches, il faut qu’elles restent fortes et soudées pour son père.

Elle appela Chérif pour savoir s’il pourra l’emmener, mais ce dernier ne répondait pas. En chemin, elle appela son frère aîné pour le prévenir, ce dernier était déjà au courant et cherchait un billet pour rallier Conakry. Beaucoup de questions se bousculaient dans sa tête “Et s’il était déjà mort ? Il était bien portant le matin, comment cela lui est arrivé ?”.Elle pleurait en silence tout en implorant Dieu de lui garder encore son père. Elle ne supporterait pas de le perdre de sitôt. Elle réalisait de nouveau combien de fois l’Homme n’avait aucune emprise sur son destin, combien tout peut s’écrouler en une fraction de seconde.

Arrivée à la clinique, Dija fut contrainte d’attendre de longues minutes avant d’accéder à la salle. Sa mère était de dos, assise sur le lit, les yeux rougis à force d’avoir pleuré. Sans dire mot, Dija approcha le cœur serré et la gorge nouée. Son père était relié à des machines et se faisait alimenter par une sonde. Dija tapota l’épaule de sa mère, cette dernière prit le temps d’essuyer ses larmes avant de se tourner vers sa fille. Elle expliqua les circonstances dans lesquelles son mari s’est retrouvé entre la vie et la mort et tenta de rassurer sa fille que tout irait mieux. Mais ça se sentait dans sa voix qu’elle n’était pas aussi convaincue qu’elle pouvait le faire croire. Khadija sortit de la salle en trombe, manquant de renverser Chérif, elle alla se réfugier dans les toilettes et laissa libre court à ses émotions.

Plus les jours passaient, plus la santé de père Dija se détériorait. Il restait encore un mois avant le jour-j de son mariage et Dija n’avait pas du tout l’esprit à la fête. Même à son stage, cela se sentait, ses performances avaient nettement diminué. Elle était tout le temps perdue dans ses réflexions et s’adonnait davantage à la prière surérogatoire, surtout la nuit.

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Chérif était très présent pour la famille mais surtout pour Khadija. Chaque soir, après le service, il passait la voir et sortait prendre de l’air avec elle pour l’aider à se changer les idées. Cette situation les avait énormément rapprochés. Il parvint rapidement à déceler les nombreuses qualités que regorgent Dija ; la douceur dans son regard, la bonté de son cœur, sa pudeur, sa combativité, son sens de discernement et surtout son attachement à la prière. “Comment ne pas l’aimer ? Je ferai tout mon possible pour la rendre heureuse”, se dit-il !

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Père Khadija était sorti du coma et avait retrouvé l’usage de la parole. Mais il était encore très faible et le diagnostic du médecin était sans appel. Il allait perdre l’usage de ses membres inférieurs. En fervent croyant, il se remit à la volonté de Dieu et accepta son sort, mais il fallait qu’il fasse quelque chose parce qu’il était persuadé au fond qu’il n’allait pas survivre pour longtemps à ce choc. Il demanda à voir Chérif. Ce dernier arriva 2 heures plu-tard. Père Dija demanda à ce qu’on les laisse seuls pour un tête-à-tête entre hommes. Dija, sa mère et son frère s’exécutèrent.

Père Dija tapota le lit pour inviter Chérif à s’asseoir près de lui. Ce dernier s’exécuta ! C’est lui d’ailleurs qui brisa la conversation. Même s’il ne le dit pas ouvertement, Chérif a toujours été intimidé par son oncle, il est aussi très reconnaissant de tous les efforts fournis par ce dernier pour lui assurer un meilleur avenir. C’est en partie grâce à son oncle s’il avait pu finaliser ses études.

Alors Kaou, comment vous vous sentez ?

Hamdoulilah, je me sens bien mon garçon ! Je sais que tu dois te demander pourquoi j’ai voulu avoir cette discussion avec toi, mais j’ai jugé nécessaire de discuter avec toi une seconde fois avant votre mariage, vu qu’il ne reste que deux semaines maintenant. Les chances que je puisse y participer sont très faibles. Je ne suis divin mais je sais que je ne me relèverai pas de cette maladie…

Soubhanallahi mon oncle ! Ne dis pas ça Kaou, tu vas guérir et vivre encore plus longtemps avec nous et tenir tes petits-enfants.

J’aurais adoré mon garçon, crois-moi, mais tout ce que Dieu fait est bon. Chérif, le mariage est un chemin long et épineux. Accepter de partager sa vie dans toute sa dimension sur tous les plans avec une autre personne n’est pas chose aisée. Surtout lorsqu’elle n’est pas notre choix. Seule la prière, la communication, la patience, l’endurance et l’acceptation des défauts de l’autre vous permettront d’avancer et d’avoir un foyer épanoui. Tout ne sera pas rose, des hauts et des bas vous en connaîtrez. Les relations humaines, quelles qu’elles soient peuvent être tendues et compliquées parfois, il faut savoir ménager son prochain et être patient.

Joignant les deux mains de son neveu, il conclut en ses termes : Khadija est la prunelle de mes yeux, la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma vie et je n’ai aucun doute quant à sa bonne éducation et à sa piété. Je t’en conjure, prends soin d’elle, je ne reposerai pas en paix en sachant ma fille malheureuse. Avant d’être ton épouse, n’oublie pas qu’elle est ta sœur, alors traître-la avec respect. Ne lève jamais la main sur elle. Ce que le dialogue n’a pas pu résoudre, ce n’est pas la violence qui le fera. Le jour où tu sentiras qu’il n’est plus possible de vivre avec elle, s’il te plaît, rends lui sa liberté.

Il posa sa main droite sur la tête de Chérif et lui fît beaucoup de Dou’as.

Chérif sortit de la salle tout ému.

Respectera-t-il les dernières recommandations de son oncle ? That’s the big question !

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